Vaincre ma peur

Très malheureusement, nous recevons souvent des mauvaises nouvelles, et nous sommes loin d’être prêts à les accepter. Ces nouvelles inattendues nous bouleversent, nous secouent, nous chagrinent, nous anéantissent, nous démolissent. Ce sont des nouvelles auxquelles nous ne nous attendions absolument pas, et qui nous renversent au plus haut point.

J’en ai reçu plusieurs mauvaises nouvelles tout le long de ma vie, comme la mort de plusieurs êtres chers de ma famille ou de celle de mon mari, ou même d’êtres très proches pour lesquels j’éprouvais un profond amour. La perte de ces êtres aimés m’a complètement ébranlée, et ce n’est que le temps qui m’a aidée à surmonter cette immense tristesse, à guérir de cette profonde douleur.

J’ai toujours été très sensible à toute la douleur humaine, et j’ai toujours fait de mon mieux pour essayer d’être forte afin de soutenir mes proches, de les accompagner à passer au travers de la souffrance qui leur était infligée. Je leur tendais toujours mon oreille, j’étais toujours à l’écoute de leurs besoins et à faire tout ce dont j’étais capable pour les soutenir à tout prix. La plupart des fois, j’étais plutôt attentive à ce que ces personnes avaient à me dire; d’autres fois, je les aidais à se changer les idées; si possible, je faisais quelque chose pour leur soulager les tâches. J’agissais instinctivement, en essayant d’apporter à cette personne souffrante mon appui, du réconfort, de l’encouragement.

Par ailleurs, en plus de mon côté humain et altruiste, j’avoue avoir un côté très spirituel qui est venu tout seul à ma recherche, et qui, depuis, se développe en moi et me comble de son amour et de sa bonté. C’est aussi ce que j’essaie de transmettre autour de moi, ce qui me rend infiniment plus heureuse. Tous ces êtres chers qui traversent une période douloureuse sont toujours portés dans mes prières, et c’est grâce à cette bonté divine que je me sens plus forte pour aider les autres.

Hélas, aujourd’hui, c’est à mon tour d’apprendre une terrible nouvelle qui me touche au plus profond de mon être. Je me sens complètement dévastée, je ne me sens pas en état d’en parler à quiconque, même pas à ma famille. J’ai peur, très peur. J’ai peur de ne plus être là pour m’occuper de tous ceux qui ont besoin de moi : mon mari et nos trois enfants. J’ai peur de ne pas pouvoir faire tout ce que j’ai envie de faire, d’accomplir tous mes projets, de réaliser tous mes rêves. Cette peur me tourmente et m’abat. J’ai hâte de me faire opérer pour pouvoir enfin tourner la page et continuer ma route, mais je veux aussi arrêter le temps pour réussir à terminer tous mes projets à court terme, au cas où…

Depuis plus d’un an, je me sentais dépérir lentement. Je sentais que contrairement à ma mémoire d’éléphant qui m’a toujours caractérisée, celle-ci me faisait de plus en plus défaut. Progressivement, mon état autant physique que psychique languissait. Cependant, je résistais à tout, et je continuais comme si de rien n’était. Lorsque je faisais mon contrôle médical annuel, tout faisait croire à un lien direct avec les dérèglements hormonaux de la préménopause. Donc, on me recommandait de déléguer de plus en plus tout ce que je pouvais déléguer, d’essayer de me reposer le plus possible et d’éviter de me surcharger. Mais rien de tout cela ne semblait améliorer ma condition. Pourtant, je poursuivais mes tâches et mes activités et projets habituels et, surtout, je me faisais soigner grâce à toutes les médecines alternatives qui me faisaient un grand bien, même si ce n’était que temporaire.

Il y a quelques mois seulement, deux symptômes spécifiques m’ont totalement ébranlée. Face à mon impuissance et à mon incompréhension par rapport à ce que je vivais, j’ai pris toute ma crainte entre mes mains, et j’en ai parlé à la seule personne qui ne pouvait ni me juger ni en parler à personne d’autre : ma psy. Évidemment, tout ce que je lui ai décrit comme symptômes l’a inquiétée, et elle en a tout de suite parlé, avec mon autorisation, à mon médecin de famille. Cette dernière qui, au-delà de la dépression, trouvait que quelque chose clochait, m’a envoyée passer une I.R.M. J’ai même failli annuler ce rendez-vous parce que je me disais que c’était tout à fait inutile. Finalement, c’est cet examen qui a révélé la cause de tous mes symptômes.

Aujourd’hui, je me sens en détresse psychologique. Il est certain que je sais maintenant d’où venaient les graves pertes de mémoire, les hallucinations auditives et la fatigue chronique. Par contre, la seule façon de guérir est de passer par la chirurgie du cerveau pour enlever le méningiome bénin qui me rend de plus en plus dysfonctionnelle et léthargique.

Évidemment, il m’est impossible de prédire l’avenir, de savoir avec certitude ce qui adviendra de moi. Mes journées sont de plus en plus difficiles, toutes mes idées se mélangent, tout s’embrouille dans ma tête. Par moments, j’ai quelques pensées positives et, tout de suite après, tout bascule vers des pensées sombres. Je suis morte de peur et je prie. Je m’en remets entre les mains de Dieu, du neurochirurgien et de mon père, qui est toujours présent dans mon coeur. Je suis complètement incapable de rien choisir, de rien décider, de rien contrôler. Je me sens vide et sans force, sans énergie. Mon cerveau fonctionne au ralenti quand il veut ou qu’il peut, et je ne suis plus la même qu’auparavant. Je perds ma mémoire à une vitesse effroyable. J’oublie tout : autant des souvenirs que des mots ou des notions que je connais depuis la nuit des temps. Il m’est très difficile d’accepter tout ce qui m’arrive, mais je ne peux rien faire pour l’éviter. J’ai complètement perdu un autre de mes points forts, soit mon sommeil. Je peux me réveiller à n’importe quelle heure dans la nuit et passer une, deux ou trois heures à ne plus réussir à me rendormir, ou je me lève directement. Cette masse tumorale, en principe bénigne, est bien installée dans la partie de ma tête qui contrôle la mémoire et la parole. Hélas, c’est elle qui a pris le contrôle de ce qui me caractérisait et de tout ce que je savais.

Aujourd’hui, il ne me reste que quelques jours avant la chirurgie. Je continue de prier et de suis prête à accepter ce que la Vie me réservera. Je suis fière de la famille que j’ai et de tout mon entourage qui n’arrête pas de m’encourager et de vouloir m’aider. J’attends juste de voir ce que Dieu voudra… J’espère que le ciel sera dégagé !

Celui qui ne vit rien, n’a rien.

Merci à la vie pour tout ce que tu as fait pour moi ! Amen 🙏🏻

3 réflexions sur “Vaincre ma peur

  1. Mi amor
    La vida te va à sonreír de nuevo después de este 11 de mayo tan especial y acá en casa te esperamos con el corazón abierto para estar con vos y a ayudarte a realizar tus sueños.
    Te amamos mucho

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  2. Muy emotivas tus palabras Karina. Mucho coraje para compartirlo. Adelante! Pensamos y rezamos mucho por vos. Que bueno que haya salido todo bien. Ganas me dan de volver a compartir lindos momentos contigo.
    Un beso grande! ❤

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